Expositions 25 janvier au 10 mai 2020 Fédération
Wallonie-Bruxelles
RENÉ MAGRITTE
Les images révélées
La découverte des photographies de René Magritte dans
les années 1970, dix ans après la mort du peintre, a jeté
un nouvel éclairage sur son processus de création et les
liens étroits qu’il entretient avec " l’image mécanique",
qu’elle soit photographique ou cinématographique.
D’autres images sont apparues depuis, issues des albums
de ses proches, qui viennent compléter l’étude des
relations peinture-photographie dans l’oeuvre de René
Magritte, mais aussi l’influence du cinéma, un art dont
Magritte était, autant que de la littérature populaire,
des plus friands.
Composée de 131 photographies originales, la plupart
créées par René Magritte, et d’un chapitre reprenant ses
films d’amateur se mettant en scène avec ses complices,
l’exposition.
"Les images révélées"
interroge le rapport de Magritte à l’image mécanique
en traçant des liens avec son oeuvre, révélant en outre
un Magritte intime.Conçue à partir de trois grandes collections privées, constituées par des passionnés ayant acquis des
photos au fil des années, de la collection du Musée
de la Photographie et du Fonds J. Nonkels y déposé,
l’exposition raconte le peintre autant que l’usager de
la photographie.
On y retrouve l’album de famille de
Magritte avec ses photos d’enfance, ses parents, son
épouse.
On y voit ensuite la famille intellectuelle du
peintre, celle qui l’a nourri, le groupe des surréalistes
bruxellois qui dès 1925 acompagnèrent le développement
de son oeuvre.
L’exposition présente également
un René Magritte facétieux, jouant et s’amusant avec
ses complices.
On y retrouve enfin les photos qui ont
servi de modèles pour ses peintures et celles qu’il n’a
jamais utilisées - Magritte ne se considérant pas plus
photographe qu’il ne se voulait "peintre" - peut-être
les plus créatives…
L’exposition lève aussi le voile sur
l’influence du cinéma sur l’artiste, les surréalistes ayant
grandi avec le Septième art.
Après Melbourne, Hong Kong, Taïwan, Séoul, le Musée
de la Photographie a le plaisir d’accueillir, en Belgique,
l’exposition René Magritte, Les images révélées, sous
le commissariat de Xavier Canonne.
L’exposition est accompagnée de l’ouvrage"René Magritte".
"Les images révélées" écrit par Xavier Canonne, publié en
2017 aux Éditions Ludion en anglais et en chinois, qui sera
pour l’occasion édité en français.
1. La marchande d’oubli, 1936
© 2019-2020, Charly Herscovici c/o SABAM
2. Jacqueline Nonkels (photographe), René Magritte peignant La clairvoyance, Bruxelles, 4 octobre 1936
© 2019-2020, Charly Herscovici c/o SABAM
3. Le Bouquet, 1937, Bruxelles, Rue Esseghem, Georgette et René Magritte © 2019-2020, Charly Herscovici c/o SABAM
4. L’Ombre et son ombre, Bruxelles, 1932 Georgette et René Magritte
© 2019-2020, Charly Herscovici c/o SABAM
LAURENCE BIBOT
Studio Madame
Changer d’apparence, d’époque, de genre, se regarder
dans le miroir, avant de se produire devant les copains,
le cercle de famille, en reproduisant les tics de chacun,
les vedettes de l’écran.
Les enfants aiment à se déguiser, piochant dans les
armoires et les greniers costumes, chapeaux et autres
accessoires.
En grandissant, certains ont conservé cette part de jeu,
ce goût du déguisement, du grimage, il arrive même
qu’ils en fassent profession. Ainsi de Laurence Bibot
que l’on aura connue en Miss Bricola avec Les Snuls,
puis en ses spectacles tel Bravo Martine où les clichés
s’enchaînaient, l’intonation, le timbre de voix démasquant
les stéréotypes, féminins cette fois.
Cette galerie de portraits se poursuivra en d’autres
spectacles, Miss B ou Soeurs Emmanuelle, entre dérision
et hommage, qui traduisent un humour ravageur et une
faculté d’observation aiguë, avant Travestis, un documentaire
qu’elle réalise sur l’univers des transformistes.
Depuis quelques années, au départ d’archives télévisées,
Laurence Bibot a réalisé une série de petites capsules
s’emparant d’archétypes féminins, shampouineuse,
directrice d’école, nymphette, ménagère de plus de
50 ans, femme dépressive ou exaltée, mais aussi des
personnages connus, Barbara, Juliette Gréco, Soeur
Sourire ou plus récemment Amélie Nothomb dont la
confection du chapeau haut aura nécessité des trésors
d’imagination.
Il ne s’agit plus ici d’imitations mais de playbacks,
Laurence Bibot reproduisant le mouvement des lèvres
des interviewées dont elle a adopté le costume et les
éléments du décor.
Livrées jusqu’ici aux réseaux sociaux, ces capsules seront pour la première fois présentées au Musée de
la Photographie, qui avait accueilli de mai à septembre
2017 l’exposition en léger différé consacrée à la télévision
belge, organisée par la Sonuma partenaire cette fois
encore, Studio Madame en constituant le prolongement
humoristique, une façon de recycler l’image télévisée.
Perruques, foulards, lunettes anachroniques, sur chemisiers
fleuris ou tailleurs Chanel, seront au rendez-vous
de ces parodies où l’on aura parfois quelque peine à
reconnaître la comédienne.
À notre plus grand plaisir et sans doute le vôtre, voici
Laurence Bibot, telle qu’en elles-même.
Si le cinéma s’est émancipé en ajoutant du son à l’image, Laurence Bibot s’amuse à faire le contraire.
Dans sa
série de vidéos, qui multiplie à l’infini son image tout en la déformant, elle incarne des voix et réalise l’un de
ses fantasmes – être la femme aux mille visages.
A l’exception des quelques personnalités publiques qu’elle
a représentées dans sa galerie (Gina Lollobrigida, Marguerite Duras, Amélie Nothomb…), on ne sait pas à quoi
ressemblent celles à qui elle emprunte la parole.
L’effet est surprenant et touchant, au point d’envisager l’exercice
comme un hommage aux anonymes qui, à leur corps défendant, participent à cette immense vitrine de
personnages.
En ajoutant un visage imaginaire à un son bien réel, Laurence Bibot procède par réalité augmentée
et déploie un paysage insoupçonné là où on croit qu’il n’y a qu’une voix.
Sébastien Ministru
Extrait du livre qui accompagne l’exposition.
Marguerite en jargon médiatique, on l’appelle "Madame Michu".
Autrement dit, Madame tout-le-monde, la voix de la
rue.
C’est l’incarnation des statistiques : plutôt que de
faire parler les chiffres, on donne la parole à "la petite
dame", à la passante. {…}
La télévision a recours à Madame Michu depuis son
invention. {…}
C’est dans ses frusques vintage que se glisse Laurence
Bibot, composant une mosaïque qui dessine comment
on se représentait jadis (et toujours ?) les femmes à
travers le petit écran.
Bien sûr, Laurence a pioché dans les archives de la
Sonuma quelques personnages plus grands que nature,
des femme
fétiches presque des freaks. {…}
À côté de ces Amélie Nothomb, Barbara ou Juliette Greco
(...) qui regardent la caméra avec aplomb, il y a aussi
et surtout ces anonymes archétypales qui exhalent la
saveur d’un temps où la mise en scène de soi-même et
l’expression de son avis n’allaient pas de soi.
D’un temps
également où, à la télévision, {…} c’était l’homme qui
était porteur du regard et en assurait un relais imbibé
de sexisme ordinaire auprès du public. {…}
Ce paysage pourrait être déprimant si Laurence Bibot
ne mettait ici en exergue l’expression de ces femmes
dans ce qu’elles ont de plus spontané, touchant, drôle...
en d’autres termes, ce qu’elles ont de plus belge. {…}
Ici un accent, là un vêtement, une coiffure, une attitude
{…} dans ce pays qui ne fait rien comme les autres,
ces femmes, filmées à hauteur de "Belge moyen",
métabolisent et catalysent le goût d’une époque et d’un
territoire.
Et on ne peut que les aimer.
Myriam Leroy
Extrait du livre qui accompagne l’exposition.
1. La Marquise de Wavrin, voyante, dans l’émission « Descente dans le Bruxelles Occulte », 1976 – Laurence Bibot 2018
2. Des Moines et des hommes, 1981 – Laurence Bibot 2018
3. Amélie Nothomb interviewée par Hadja Labib au JT de la RTBF à l’occasion de la Foire du Livre en 2000 – Laurence Bibot 2019
© Laurence Bibot/Sonuma
4. Sophia Loren interviewée par René Michelems dans le cadre de la sortie du film « Une journée particulière » en 1977
– Laurence Bibot 2017 © Laurence Bibot/Sonuma
DIANA MATAR
My America
À la fin de l’année 2015, la photographe Diana Matar
entreprend de rechercher aux USA les endroits où la
police a tué des civils.
Elle réalise des cartes détaillées
dans son studio et compile des informations sur chaque
cas mortel de violence policière survenu les deux années
précédentes.
Diana Matar consacre alors deux ans à
sillonner les routes et photographier la plupart des
2 200 sites où ces meurtres ont eu lieu.
"Je travaille
dans une certaine histoire de la photographie qui revient
aux lieux où les choses sont survenues, – un genre qui
se concentre généralement sur des faits de guerre ou
des injustices – je l’utilise cependant pour enregistrer
le phénomène constant de la violence policière qui
contamine l’Amérique."
Travaillant en ce genre du paysage et de la photographie
documentaire, My America est une paisible mais glaciale
critique de l’Amérique contemporaine.
En photographiant plus de 300 endroits où des officiers de police ont tué
des citoyens américains, Diana Matar a instauré un
langage photographique opportun autant que critique
sur les brutalités policières, ses photographies mettent
constamment l’accent sur le déclin de la structure sociale
du pays.
Bien que ses photographies soient d’un style plutôt
classique, elle n’utilise pourtant qu’un iPhone.
Ainsi
elle l’explique : "Nous ne saurions rien des meurtres
policiers sans les smartphones.
Les gens ont commencé
à les utiliser pour documenter les injustices et les
partager sur le web.
J’ai pensé qu’il était important
d’user de la même technologie en réalisant ces images
immobiles."
Ce n’est pas la première fois que Matar ralise une série
importante relative aux lieux de violence.
En son
précédent travail, Evidence 2014, qui fut présenté à la
Tate Modern, au Museum of Contemporary Photography
de Chicago à l’Institut du Monde Arabe, et en six autresinstitutions internationales, Diana Matar a consacré
quelques années à se concentrer sur les paysages et
les immeubles d’enfermements extra-judiciaires, kidnappings
et meurtres menés par le régime de Kadhafi
en Lybie.
En réponse à la disparition de son beau-père
dans ces circonstances, Matar a documenté les espaces
où ces violations ont été perpétrées contre une nation
tout entière.
Le travail de Diana Matar en Amérique est profondément
imprégné de cette recherche qui met en évidence les
questions structurelles influençant le nombre important
de meurtres par la police.
Elle met l’accent sur l’histoire
des injustices raciales, l’absence d’instruction et de
préparation, et l’un des plus bas niveaux de police par
habitant au monde.
Mais Diana Matar entend livrer bien
plus que des statistiques : "Pour moi, chaque image
de My America représente non seulement un acte de
violence mais aussi la perte d’un individu – un individu
avec famille.
C’est pourquoi je n’ai pas peur d’user d’une
certaine beauté en ces descriptions, un concept qui tendà la controverse dans la représentation de la violence."
Pour le Musée de la Photographie à Charleroi, Diana
Matar a opéré une sélection de 99 photographies sur un
ensemble de 300 images. L’échelle du projet témoigne de
celle du problème, mais nécessite que l’on se remémore
chaque personne ayant été tuée.
Le titre de chaque
photographie reprend seulement le nom, les dates de
naissance et de décès, et la ville où la personne a été
tuée.
Les endroits que Matar photographie correspondent
aux adresses qu’elle a obtenues par les rapports de
police.
Elle précise toutefois que ses images ne sont
pas des scènes de crime.
Le niveau de mortalité par suite de violence policière en
Amérique est unique parmi les pays développés.
Matar
s’interroge sur les raisons qui ont mené l’Amérique à
ce point, chaque photographie, représentant une mort,
à un moment déterminé.
1. Oscar Romero Whittier, California 1968-2015
2. Eddie Tapia Downey, California 1974-2015
3. Joseph Weber Sunnyvale, California 1987-2015
4. Allen Baker III Sunnyvale, California 1992-2015
Centre d’art contemporain
de la Fédération
Wallonie-Bruxelles
11, av. Paul Pastur
GPS : Place des Essarts
B-6032 Charleroi
(Mont-sur-Marchienne)
T +32 (0)71 43.58.10
F +32 (0)71 36.46.45
mpc.info@museephoto.be
Le musée est ouvert du mardi
au dimanche, de 10h à 18h.
Fermé à 16h les 24 et 31
décembre 2019.
Fermé les 25 décembre 2019 et 1er janvier 2020. |