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Chronique d'Asie (partie 3)

Chiang
Mai et Sukhothaï

On profite de notre escale à Chiang Mai pour essayer un des nombreux cours de cuisine qui y sont organisés.
Rencontre avec la prof qui nous emmène d'abord au marché pour une découverte des ingrédients locaux : "thaï onions", des mini oignons rouges, "baby eggplants" et "thaï eggplants", des aubergines vertes dont les "baby" ressemblent à des baies et les "thaï" ont la taille d'une clémentine, le "thaï ginger" plus doux que le gingembre que l'on connaît et le "finger ginger" en forme de doigts de sorcière.
On passe en revue mille épices aux noms imprononçables, des piments de toutes les couleurs et de toutes les tailles et les "boring vegetables": choux, épinards, choux-fleurs, etc...
On apprend qu'il existe 200 types de riz différents en Thaïlande et on découvre comment faire du lait de coco dans une machine des années 50 en pressant des copeaux de jeunes noix de coco avec de l'eau.

Le secret de la cuisine thaïlandaise ?
Tout est frais !
Impossible de trouver un supermarché dans ce pays, tout s'achète au marché.
Pas de surgelés, pas de légumes suremballés et super calibrés, pas de bouffe en plastique ou en boîte, tout est du circuit court, du bio et du zéro déchet sans le vouloir.
Voilà pourquoi même le plat acheté dans le pire boui-boui ou dégusté dans l'échoppe de rue la plus vétuste sera délicieux : des aliments frais et "vrais".

La méthode de cuisson est toujours la même : tous les ingrédients sont jetés en même temps dans un wok chauffé au maximum sur un réchaud à gaz, quelques minutes à peine et c'est prêt !

On passera donc une après-midi entière à cuisiner et manger : rouleaux de printemps, soupe tom yam ou soupe au lait de coco, pad thaï ou pad see ew, différents types de currys dont nous préparons la pâte nous mêmes, écraser toutes ces épices dans un pilon en pierre ça fait des muscles aux bras ! - et, comme dessert après tout ça, riz gluant sucré au lait de coco et à la mangue.
Autant de recettes dont je ramènerai le livre avec moi, faudra juste adapter les ingrédients car je ne trouverai jamais de "thaï eggplants" ou de "finger ginger" à Bruxelles.

Après cette journée bouffe, soirée cabaret. Exclusivement composé de ladyboys - dont certaines n'ont rien à envier aux plus canons des meufs - le Siam Dragon Show nous fera voyager pendant une heure entre les traditions des différents pays d'Asie au travers de chansons et de costumes traditionnels revisités. Joli !

Direction Sukhotaï ensuite, à près de 400 km au sud, pour visiter les ruines de ce qui fut la première capitale du Siam.
Fondée en 1238 par Pho Khun Si Nao Nam Thom (oui, tout ces noms pour une seule personne) et mettant ainsi un terme au règne Khmer dans la région, Sukhothaï est aujourd'hui inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO.

C'est surtout à son troisième roi, Pho Khun Ramkhamhaeng (1279-1317), que la ville doit son essor culturel et religieux.
Surnommé "Rama le Fort", ce monarque est un fervent adepte du Bouddhisme - religion qu'il contribuera à développer à Sukhothaï - et un grand amateur d'art.
C'est également lui qui a crée le premier alphabet thaï ...et du coup merci, nous on pige rien aux inscriptions ici.
Il n'aurait pas pu faire comme tout le monde et écrire en alphabet romain, non ?!?

L'indépendance de Sukhothaï perdurera jusqu'au XVème siècle où le royaume est annexé à celui d'Ayutthaya.

On peut, aujourd'hui encore, admirer les ruines de l'ancienne ville, dont l'architecture Khmer a été revisitée par les nombreux rois thaï : Shiva, Ganesh et les autres dieux hindous sont recyclés en temples bouddhistes.
Le palais royal et les maisons des habitants étant alors construites en bois, on n'en garde aucune trace...
Ce qui peut donner l'impression aux visiteurs du parc historique que l'ancienne Sukhothaï n'était composée que de temples et de monastères, les seuls bâtiments de briques et de latérite.

Après une après-midi à arpenter les allées de la vieille ville sous un soleil de plomb, on retourne à New Sukhothaï pour manger un pad see ew et un riz sauce basilic-gingembre à une table posée sur un bout de trottoir.
On est les seuls occidentaux à manger là, c'est bon signe.
Délicieuse cuisine de fortune pour moins de deux euros (pour deux !), toujours avec des ingrédients frais, frais, frais miam !

Voilà pour cette expédition culinaire et historique dans le centre de la région.


Lopburi

Arrivée à la cité des singes.
Centre de la culture bouddhiste Dvaravati du VIème au XIème siècle, Lopburi est ensuite passée sous domination Khmer avant de devenir la seconde capitale du royaume d'Ayutthaya.
Mais, si Lopburi offre au visiteur quelques belles ruines de l'époque, elle est surtout connue pour être la ville des singes.
Des centaines de singes se sont emparés de la cité, pour le plus grand amusement des touristes et l'exaspération totale des habitants.
Ces derniers usent de tous les moyens possibles et imaginables pour empêcher les macaques de leur piquer biens et nourriture : bâtons, frondes, lance-pierres,...


Autant d'armes maison qui ne découragent pas le moins du monde ces animaux cleptomanes.



J'en ai moi même fais les frais : alors que je posais pour une photo en planquant ma bouteille d'eau derrière mon dos, une de ces bestioles est venue me l'arracher des mains !
La sale bête a ensuite traversé la rue, a ouvert la flotte en tournant le bouchon avec ses petites pattes, bu en tenant la bouteille à deux "mains" puis, en me regardant droit dans les yeux, a balancé le reste un peu plus loin.
Sacré singe voleur !!!

On en a vu un arracher un sac de courses des mains d'un Thaïlandais qui venait du marché, d'autres qui prennent les câbles électriques pour une pleine de jeux, on a assisté à des bagarres de singes, on s'est fait grogner dessus en passant trop près... Il y en a même un qui a tenté de grimper sur ma tête.

Enfin, ils sont quand même mignons ces macaques, les mères se baladant avec leur petit, sans poils mais avec déjà un visage caractéristique, accroché à l'envers sous leur ventre, les jeunes qui jouent à grimper aux arbres avant de se laisser tomber dans des bassines remplies d'eau, les adultes, installés à l'ombre des vieilles pierres pour s'épouiller en mangeant les poux qu'ils enlèvent ou roupillant tranquillement les uns contre les autres.
So cute... mais de loin.

Éviter les singes, éviter les chiens errants qui gardent jalousement leur bout de trottoir (bah oui, personne ne marche dans cette ville, le moindre ado possède déjà un scooter, du coup trottoirs et bas-côtés sont devenus le territoire exclusif des clébards de rue) et... éviter les groupes d'allemands qui préfèrent me photographier moi - en schmet bien sûr - plutôt que les monuments historiques.

Après Lopburi, on continue notre périple vers le sud jusqu'à la ville d'Ayutthaya.

Fondée en 1350, elle devient la capitale du Siam - ou royaume d'Ayutthaya - et est, aux XVIIème et XVIIIème siècles, une des plus grandes villes du monde.
Elle sera détruire en 1767 par l'armée birmane.
C'est alors que Bangkok la remplace comme capitale du Siam.

Les ruines d'Ayutthaya
, parmi les plus belles de cette époque, sont classées au patrimoine mondial de l'UNESCO.
Pour la même raison qu'à Sukhothaï (les habitations et palais étaient construits en bois, seuls les monuments religieux utilisaient pierre et latérite), on y trouve essentiellement des temples et monastères.
Influences khmères, hindoues et - bien sûr - bouddhistes : un joli mix culturel !

On visite, entre autres, le Wat Ratchaburana dont l'histoire est la suivante : le roi Intha Racha meurt en 1424.
Par souci de ne pas diviser le royaume, seul un des deux fils aînés devra prendre la succession. Impossible pour eux de décider qui régnera...
Ils organisent alors un duel à dos d'éléphants afin de se départager : le gagnant sera couronné roi du Siam, le perdant sera... mort.
Mais, coup du sort, les deux duellistes se tuent lors du combat.
C'est malin.
C'est donc le fils cadet, Somdet Phra Borommarachathirat, qui héritera du trône.
Ce dernier fit construire le Wat Ratchaburana en honneur à la mémoire de son père décédé et de ses deux frères un peu trop intrépides. 
Une belle histoire de famille.

Une autre histoire sympa : la barge de la reine Sunanda Kumariratana chavira lorsqu'elle se rendait au palais du Bang Pa In.
Les contacts physiques entre le peuple et les monarques étant strictement interdits et carrément tabous, elle se noya sous les regards choqués d'une foule impuissante.
La force des interdits...

Au cours de nos pérégrinations Ayutthaiennes, nous sommes tombés par hasard sur les fameuses balades à dos d'éléphants...
Je les pensais désormais interdites, bah non.
On a vu de près ces animaux maltraités, enchaînés par le cou à des poteaux en plein soleil, sans eau ni nourriture, pour être ensuite harnachés, montés par des touristes sur de lourdes structures pesant sur leur dos sensible et dirigés par des dresseurs, crochet à la main.
Ces "bullhook" (les "crochets" de l'enfer en question) ne sont en fait rien d'autre que des  pioches que les maîtres enfoncent sans vergogne dans les oreilles ou le museau des éléphants. En témoignent les nombreuses cicatrices qui décolorent leur peau. Pffff.

Pour finir sur une note un peu plus positive : les magnifiques marchés de nuit aux mille saveurs. Des échoppes plus alléchantes les unes que les autres avec rien que des nouveaux trucs à découvrir.

Voilà pour ces deux villes qui nous plongent dans l'histoire thaïlandaise.


Kanchanaburi et Bangkok

Pour nos derniers jours avant l'expiration du visa, petit tour à Kanchanaburi au très tristement célèbre pont de la rivière Kwaï.
Rivière Kwaï qui n'est autre qu'un des deux affluents - la Kwaï Noi (la fameuse rivière Kwaï, signifiant "petit affluent" en thaï) et la Kwaï Yai ("grand affluent", ils ne se sont pas foulés pour les noms haha) - qui se rejoignent plus bas pour former le Mae Klong ou fleuve Mékong.
Connu du public à l'occasion du film du même nom sorti en 1957 (et que, honte à moi, je n'ai pas encore pris la peine de regarder) dérivé du livre de Pierre Boulle, le pont de la rivière Kwaï a été le théâtre d'un des nombreux drames humains de la seconde guerre mondiale.
Oui, parce que de ce côté là du monde aussi on a souffert jusqu'en 1945.
C'était pas Hitler et ses fanatiques tueurs de juifs mais les Japonais qui ont envahi une grande partie de la zone dès 1937.

À Kanchanaburi, ils ont utilisé des prisonniers de guerre pour construire, en moins de dix mois, un chemin de fer de 415 km de long qui fut bien vite surnommé le "chemin de fer de la mort" car, à travailler 18 h par jour en étant mal nourris, mal soignés et maltraités, plus de 10.000 prisonniers de guerre y ont trouvé la mort.
Il reste de cette époque un musée de la guerre, un cimetière militaire où sont enterrés les prisonniers occidentaux décédés à Kanchanaburi et le pont ainsi que le chemin de fer lui-même.
Après une balade sur le pont (sur les bords duquel ils ont installé des "safety plateforms" pour que tu te fasses pas écraser quand un train passe, c'est sympa) petit tour en train sur le chemin de fer de la mort, qui présente une vue magnifique sur les vallées environnantes z'avaient quand même de la chance ces bagnards, une si belle vue pour bosser, c'est pas donné à tout le monde.

On a aussi visité une ferme de noix de coco
où on a appris comment récolter le suc de coco en accrochant des réceptacles aux feuilles que l'on perce chaque jour à un endroit différent, comment faire du sucre en faisant chauffer le jus ainsi récolté sur un réchaud à bois à l'ancienne, et comment certains fermiers utilisent des singes dressés pour aller chercher les noix de coco en haut des arbres à leur place.
Un autre mystère a été résolu : si les agriculteurs cultivant la coco vivent plus vieux que les autres c'est parce que le lait de coco des oestrogènes.
Oui oui. Vous voulez rester jeunes plus longtemps?
Garder une peau de bébé même à 80 ans ? Tartinez-vous de lait de coco, gavez-vous de sucre de coco, cuisinez au jus de coco et mangez de la chair de noix de coco.
Si si, ça marche.
Quand on sait que le soja contient aussi des oestrogènes et que ces deux produits sont à la base de l'alimentation en Asie, vous ne vous demanderez plus pourquoi les asiat' paraissent jeunes plus longtemps.
(euuuuh avant que vous n'alliez acheter vingt litres de lait de coco pour remplacer vos crèmes de jour et autres produits antirides, je tiens à préciser que ces infos nous viennent des agriculteurs susmentionnés cherchant à nous vendre leurs produits de beauté à la coco... une source sûre à n'en point douter).

On retourne ensuite à Bangkok
pour quelques jours de shopping intensif, on passera à travers toutes les classes sociales : d'abord les très chics centres commerciaux à côté de l'hôtel : le Siam Discovery, le Siam Experience, le Siam je sais plus quoi (plutôt chauvins ces Thaïlandais en fait  y'a toujours Siam dans le nom, au cas où tu aurais oublié dans quel pays tu es) si tu veux, tu peux te balader longtemps d'un centre commercial à l'autre dans une ambiance hype, feutrée et climatisée à mort.
On y tombera sur le Sea life, "un des plus grands aquariums du monde", qui te donne envie de libérer les bestiaux en mode sauvez Willy.



Dans un autre genre, le plus grand marché du monde... qui de mon avis n'est pas si grand que ça...

Ce qui est grand c'est surtout la somme que tu peux y dépenser...
Mais on a vu que les Thaïs adorent dire qu'ils ont la plus grande dans tous les domaines.

Et enfin, pour terminer cette frénésie d'achats, le marché flottant de Damnoen Saduak, à quelques kilomètres de la capitale, où soit tu apprends à négocier soit tu te fais avoir. J'ai quand même réussi à avoir pour 200 bath (moins de 6€) une robe dont le prix de départ était 1200 bath (environ 40€). Faut dire que c'est une chouette expérience ce marché flottant : tu te balades dans une barque entre les échoppes installées sur le bord des canaux et les bateaux marchands.
Tous les vendeurs disposent d'ailleurs d'un pratique petit outil qui leur permet de t'attirer à eux en harponnant ta barque, sans toujours te demander la permission ou vérifier que tu es bien intéressé par leur étalage.

Lassés des lieux destinés aux touristes, on a été manger dans des échoppes de rue fréquentées uniquement par des locaux.
Ce qui nous a donnée l'occasion d'essayer  sur le menu exclusivement écrit en thaï la version de Google translate qui vous permet de traduire le texte d'une image.
On a ainsi testé, entre autres, du "miam frais"
(quelque chose me dit que c'est pas vraiment ça qu'ils ont mis à la carte, lol, merci Google).



Le dernier soir, en version j'me-la-pète-avec-mon-nouveau-pouvoir-d'achat, on embarque pour la Chao Princess Cruise, un dîner croisière de deux heures et demie sur le fleuve Mékong à travers tous les cools endroits de Bangkok illuminés le soir.

Prochaine étape : Singapour !